• La dernière création du dramaturge/metteur en scène et acteur libano-canadien Wajdi Mouawad a l'effet d'une bombe. Unique acteur d'une pièce qu'il a écrite et qu'il a mise en scène, Wajdi nous emmène dans un voyage intime où plusieurs thèmes s'entremêlent : celui du coma comme espace de communication et de création et non pas de silence et de solitude, celui de la langue maternelle comme dernier refuge de la conscience et celui du fils prodigue, la parabole mais aussi son interprétation par Rembrandt dans son célèbre tableau exposé à l'Ermitage à Saint-Petersbourg.

    Tous ces thèmes explorés dans une discussion entre Wajdi, lui-même et des personnages imaginaires sont autant de pistes ou de moyens pour explorer ce conflit entre ce qu'on est et ce qu'on a voulu être, entre le présent réel et celui hypothétique si le passé s'était prolongé sans rupture. On retrouve les thèmes de l'exil et de l'identité perdue chers à Wajdi Mouawad sauf qu'il va encore plus loin cette fois en se posant la question ultime : au delà du changement d'espace et de langue signifié par l'exil, que se cache-t-il d'autre ? Dans le cas de Wajdi, il se cache un artiste dont le devenir se réalise brutalement dans la deuxième partie de la pièce, une brutalité qui ressemble à une sortie du cocon du quotidien, à une naissance d'un adulte à partir des rêves d'enfance. Splendide. (note : 5/5)

    Pour prolonger le plaisir, une interview avec Wajdi Mouawad en marge du Festival d'Avignon en juillet 2008.


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  • Vie et Destin, le roman culte de Vassili Grossman, a été mis en scène par le théâtre Maly de Saint-Petersbourg. Après une première tournée en 2007, son retour au MC93 à Bobigny n'est pas passé inaperçu. Lev Dodine (le metteur en scène) a réussi un rare tour de force : adapter au théâtre, moyennant quelques concessions, un roman fresque de plus de milles pages qui décrit sans concession la Russie soviétiques de la deuxième guerre mondiale... à telle point que son roman a croupi dans les geôles du KGB pendant une vingtaine d'année et n'a été édité qu'après sa mort. Mais je n'en dirai pas plus pour le moment (roman en cours de lecture). Quant à la pièce, elle vaut le détour ! (note : 4/5)

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  • Le duo Ivan Viripaev (russe, texte) et Galin Stoev (bulgare, mise en scène) revient au Théâtre de la Cité Universitaire à Paris après Oxygène en 2006. Le texte, basé sur une correspondance réelle entre Viripaev et Antonina Velikanova, une jeune femme schizophrène internée dans un hôpital psychiatrique de Moscou, aborde sous le ton de l'humour des questions fondamentales sur la société et Dieu. Avec les mêmes acteurs (toujours) survoltés et une excellente mise en scène, le leitmotiv "il y a quelque chose en plus" ne laisse pas indifférent. A voir. (note : 5/5)

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  • Dans How Nancy wished that everything was an april fool's joke, Rabih Mroué raconte l'absurdité de la guerre libanaise par 4 personnages coincés dans un canapé pendant toute la pièce, sans doute à l'image de toutes ces communités libanaises coincées dans un même pays et dont la seule issue est de s'entendre. Toujours immobiles, les acteurs racontent l'histoires de protagonistes qui n'arrêtent pas de mourir et réscussiter après chaque mort pour poursuivre leur comportement absurde. Mise en scène intéressante mais un peu répétitif et "technique" pour des néophytes à la guerre civile libanaise entre 1975 et 1989. (note : 3/5)

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  • Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski fait vivre le texte puissant de la pièce de Tony Kushner qui, en deux épisodes ("Le millénaire approche" et "Perestroika"), raconte les peurs et l'hypocrisie de la société américaine des années 80 dans un drame qui se noue autour de l'effondrement de deux couples, l'un homosexuel, l'autre hétéro, dans l'Amérique reaganienne des années 1980. Tony Kushner décrit les peurs d'une société que Dieu a abandonnée pour partir en voyage, laissant à des anges louches dopés au valium le soin de gérer ce monde comme des fonctionnaires plus ou moins zélés.
    L'adaptation de Warlikowski fait vivre la pièce dans un décor unique où les destins se croisent dans des jeux d'ombre fabuleux. Dommage que la puissance du texte superbement exprimée par des moments intenses est noyée dans une lenteur (la pièce dure 5h30) et une répétition qui, non seulement épuisent l'attention du spectateur, mais finissent par sombrer dans des mièvreries décevantes. Avec deux ou trois heures en moins, la pièce aurait pu être un grand moment de théâtre. (note : 7/10).

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