• The Serpent's Egg (1977), du maître suédois Ingmar Bergman, nous plonge dans le Berlin des années 1920, en proie à l'inflation galopante, la misère et le desespoir. A travers le regard d'un juif américain, chomeur et alcoolique, Bergman nous montre une société rongée par le vice et la peur. Les signes avant-coureurs de l'inévitable ascension de Hitler au pouvoir sont déjà visibles : une extrême droite de plus en plus présente et les prémices de l'expérimentation humaine poursuivie par les nazis. Si l'atmosphère remplie d'angoisse et de peur est superbement mise en scène, dommage que la fin soit presque un peu trop facile en montrant une situation décadente dont le nazisme semblait être l'inévitableachèvement. A voir. (note : 4/5)

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  • Je Veux Voir, dernier film du duo libanais Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, semble passionnant sur le papier : Catherine Deneuve parcourt le Liban quelques semaines après la guerre de 2006 en compagnie d'un acteur libanais. Le film est censé être l'histoire d'une rencontre dans un contexte, une sorte de démonstration du pouvoir du cinéma après une catastrophe. Malheureusement cette alchimie d'une rencontre inattendue et imprévisible ne voit pas le jour et on regarde, impuissants, une Catherine Deneuve complètement silencieuse, voire amorphe, en compagnie d'un acteur plus silencieux qu'elle. Les échanges se limitent aux banalités d'usage (je mets ma ceinture, j'allume une cigarette). Le réalisateur (en personne après la projection) explique son choix par une volonté d'afficher une icône du cinéma dans un contexte de violence sans faire intervenir les mots et tout en insistant sur la rencontre de deux personnages. Mais la rencontre est ratée et on on s'interroge sur l'intérêt de voir sans comprendre. Fiasco alors que tous les ingrédients d'un excellent film-documentaire étaient réunis. (note : 1/5)

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  • L'Echange (ou Chageling), dernier film de Clint Eastwood qui raconte la lutte d'une mère pour retrouver son fils disparu dans l'amérique des années 20  commence par décevoir : vous espériez voir John Malkovich comme le promet l'affiche ? Vous le verrez mais pas plus que quelques dizaines de secondes à travers tout le film dans un rôle plus que mineur. Vous avez entendu parler d'Angelina Jolie comme une des muses d'Hollywood? Déchantez, son visage plastique entièrement refait peine à susciter l'émotion... alors que ce n'est pas ce qui manque dans cette (malgré tout) brillante mise en scène d'une tragédie basée sur un fait réel. On retrouve ce plaisir narratif, ces plans parfaits et cette esthétique travaillée à l'extrême auxquels Clint Eastwood nous a habitués... mais le plaisir ne tient pas la comparaison avec son chef d'œuvre Million Dollar Baby. Quand à l'actrice principale, elle ferait mieux de se cantonner à ses rôles dans Tomb Raider et autres légèretés où sa plastique serait mieux utilisée. (note : 3/5)

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  • La dernière création du dramaturge/metteur en scène et acteur libano-canadien Wajdi Mouawad a l'effet d'une bombe. Unique acteur d'une pièce qu'il a écrite et qu'il a mise en scène, Wajdi nous emmène dans un voyage intime où plusieurs thèmes s'entremêlent : celui du coma comme espace de communication et de création et non pas de silence et de solitude, celui de la langue maternelle comme dernier refuge de la conscience et celui du fils prodigue, la parabole mais aussi son interprétation par Rembrandt dans son célèbre tableau exposé à l'Ermitage à Saint-Petersbourg.

    Tous ces thèmes explorés dans une discussion entre Wajdi, lui-même et des personnages imaginaires sont autant de pistes ou de moyens pour explorer ce conflit entre ce qu'on est et ce qu'on a voulu être, entre le présent réel et celui hypothétique si le passé s'était prolongé sans rupture. On retrouve les thèmes de l'exil et de l'identité perdue chers à Wajdi Mouawad sauf qu'il va encore plus loin cette fois en se posant la question ultime : au delà du changement d'espace et de langue signifié par l'exil, que se cache-t-il d'autre ? Dans le cas de Wajdi, il se cache un artiste dont le devenir se réalise brutalement dans la deuxième partie de la pièce, une brutalité qui ressemble à une sortie du cocon du quotidien, à une naissance d'un adulte à partir des rêves d'enfance. Splendide. (note : 5/5)

    Pour prolonger le plaisir, une interview avec Wajdi Mouawad en marge du Festival d'Avignon en juillet 2008.


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  • Ce film russe (sélectionné à Cannes 2008 dans le cadre de la semaine de la critique) raconte l'histoire de trois collégiennes dans une banlieue de Moscou qui se préparent avec ferveur à leur première soirée dansante organisée par leur école. En rébellion contre leur entourage, elles vivent leurs premières fugues, premiers flirts, premières cuites et premières rencontres avec la brutalité de la vie. Le jeu est simple mais profondément humain et naturel. Dommage que le discours de l'antipathique réalisatrice (Valeria Germanica) dans le cadre d'un débat à la fin de la projection soit d'une prétention et d'un creux qui jurent avec l'esprit du film (comment peut-on qualifier le film de non violent alors que tous les ingrédients de la violence d'une adolescence en ébullition y sont réunis?).

    Projeté du 12 au 18 novembre 2008 dans la cadre de la semaine du cinéma russe à Paris, le film sort sur grand écran en janvier 2009. A voir. (note : 4/5)

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